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« Gaza, conflit local, impact mondial »

mardi 7 novembre 2023 par Renaud Girard

Ce qu’en dit Le Figaro.

Le conflit israélo-palestinien captive autant les foules que les décideurs de la planète car il est au cœur des reproches que font aujourd’hui les pays du « Sud global » aux puissances occidentales.

Depuis un mois, le conflit israélo-palestinien fait la une des journaux imprimés, radiodiffusés ou télévisés du monde entier. Il est redevenu le dossier prioritaire des chancelleries, non seulement des pays du Moyen-Orient mais aussi des grandes puissances. Pourtant, ce n’est qu’un conflit très localisé, s’étendant sur quelques centaines de km2. La bande de Gaza, territoire dont Israël a pris le contrôle lors de sa guerre victorieuse du printemps 1967 contre l’Égypte, ne fait que 365 km2.

Ce conflit localisé est loin d’être aujourd’hui le seul. Mais on parle infiniment moins des autres. L’enclave du Haut-Karabakh, arménienne depuis des temps immémoriaux, a été attaquée et prise par l’Azerbaïdjan le 19 septembre 2023, après un blocus de neuf mois. Dans une indifférence quasi générale, ses 120.000 habitants ont fui vers l’Arménie voisine. Ni l’Amérique, ni l’Europe, ni la Russie n’ont levé le petit doigt pour empêcher cette épuration ethnique. Le conflit qui a opposé la province du Tigré au gouvernement central de l’Éthiopie, aidée par l’Érythrée, de novembre 2020 à 2022, a fait un demi-million de morts. Presque personne n’en a parlé.

Pourquoi le conflit israélo-palestinien captive-t-il autant les foules et les décideurs de la planète, au point d’avoir éclipsé la guerre d’Ukraine ?

Ce conflit attire tous les regards parce qu’il est au cœur des reproches que font aujourd’hui les pays du « Sud global » aux puissances occidentales. Depuis le début du XXIe siècle, et surtout depuis l’invasion anglo-saxonne de l’Irak en mars 2003, ceux-là reprochent à celles-ci de poursuivre une politique de deux poids, deux mesures, tout en prêchant la morale urbi et orbi. Le « Sud global » accuse les Occidentaux d’hypocrisie. Et le premier exemple qu’il prend est toujours Israël, qui, il est vrai, traite les résolutions de l’ONU avec une certaine désinvolture depuis les années 1950, sans que l’Occident n’ait jamais pris la moindre sanction contre lui.

Le « Sud global » reproche aux Occidentaux d’avoir consacré moins d’énergie à la création d’un État palestinien qu’ils n’en avaient consacrée pour la création de l’État d’Israël. C’est peut-être faux, mais c’est ce qui est ressenti par l’ensemble des musulmans de la planète, ainsi que par beaucoup de chrétiens des pays pauvres d’Afrique ou d’Amérique latine. Or, dans les relations internationales, c’est le ressenti des réalités qui compte, davantage que les réalités elles-mêmes.

La reine de Jordanie s’est fait l’écho de ce ressenti, en déclarant que les Occidentaux avaient davantage de compassion pour les victimes israéliennes que pour les victimes palestiniennes.

Aux abominables exactions commises le 7 octobre par le Hamas sur le territoire internationalement reconnu d’Israël, Tsahal a surréagi, comme le souhaitait le mouvement islamiste palestinien. Le Hamas privilégie son idéologie au bonheur de la population qu’il administre. Les images des immeubles rasés de Gaza et des enfants ensanglantés dans les bras de leurs parents palestiniens, ont provoqué ce que souhaitait le Hamas : la mondialisation du problème, la transformation d’un conflit territorial circonscrit en guerre des civilisations.

Tactiquement, le plan israélien actuel est compréhensible : après avoir pris une ligne allant jusqu’à la mer et partageant en deux la bande de Gaza, Tsahal va nettoyer, immeuble par immeuble, souterrain par souterrain, la partie nord. Il va perdre des hommes, mais il va réussir cette opération. Comme Massu avait gagné la bataille d’Alger en 1957.

Mais quelle est la stratégie à moyen et long terme d’Israël ? Une fois le nettoyage réalisé, à qui l’État hébreu confiera l’administration de ce territoire occupé ? Qui acceptera de gérer ce tas de cendres ? Certainement pas l’OLP qui, depuis les accords d’Oslo administre environ 40 % de la Cisjordanie.

L’impact mondial de cette guerre sera défavorable, non seulement à Israël mais à l’Occident tout entier. Stratégiquement, l’État hébreu est revenu au point où il était en 1982, époque de son invasion du Liban. À cause du ressenti des populations, que ne peuvent ignorer les gouvernants du monde arabe, les accords d’Abraham sont suspendus, qui intégraient économiquement Israël dans son environnement régional. Disparu également le corridor économique Inde-Emirats-Arabie saoudite-Jordanie-Israël-Italie, que Netanyahou avait exposé au mois de septembre à la tribune des Nations unies.

Le conflit est fâcheux pour l’Occident tout entier, parce qu’il relativise l’agression russe en Ukraine et qu’il introduit des ferments de division à l’intérieur même des sociétés occidentales.

Le coût devenu mondial de ce conflit local exige une réponse mondiale. Elle ne pourra être donnée que par une conférence réunissant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, Israël et tous les États arabes ayant reconnu son droit à exister.


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.

   

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