Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > International > Espagne : défaite électorale de la majorité sociale

Espagne : défaite électorale de la majorité sociale

Là-bas, comme chez nous !

jeudi 15 juin 2023 par Hojas de debate

Comme promis, nos camarades du site « hojas de debate » ont rédigé pour nous un bilan des dernières élections régionales en Espagne, que notre camarade Aron Cohen à traduit en français. Je le trouve excellent, même s’il est sévère pour les partis de la Gauche ibérique, d’autant plus qu’il montre pas mal de similitudes avec ce qui se passe en France, et risque de se conclure de façon identique, une victoire électorale des Droites espagnoles en juillet ( UP plus VOX ), et plus tard en France ( Républicains et RN ).(FA-ANC)
Nous tenons à remercier nos camarades du site « hojas de debate »pour leur effort de communication internationaliste. Gracias camaradas. Hasta la victoria siempre.(JP-ANC)

Les élections municipales et régionales du 28 mai en Espagne ont donné une victoire claire aux droites.

Aux élections locales, le Parti populaire (PP) est passé des 5,15 millions de suffrages obtenus en 2019 à 7,05 en 2023.
Une bonne partie de ses nouveaux soutiens vient de l’effondrement de Ciudadanos, parti qui se réclamait de centre-droite et à présent en voie de disparition : des presque 2 millions de suffrages qu’il avait reçus en 2019 il n’en retient que 300 000 en 2023. Une perte de plus d’un million et demi de voix, migrées pour l’essentiel vers la droite que représente le PP et dont une composante très importante (la présidente de la région de Madrid, Mme. Ayuso, en donne un exemple clair) affiche des positions extrêmes, le plus souvent très proches de celles de Vox, le parti d’extrême droite, largement nourri par d’anciens membres du PP.

Ce dernier a réussi à doubler ses 800 000 électeurs de 2019, passant à 1 million 600 000, et exhibe une implantation largement généralisée sur le territoire.

Le PSOE, principale référence de la « gauche » néolibérale, a vu ses 6,70 millions de voix obtenues aux élections locales de 2019 réduites à 6,29 millions en 2023.

Unidas Podemos (UP), plateforme de la gauche réformiste réunissant les partis Podemos et Izquierda Unida (qui intègre à son tour le PCE), membre minoritaire d’un gouvernement de coalition commandé par le PSOE et largement subordonnée à ce parti, s’effondre et voit ses plus de 900 000 suffrages aux élections locales de 2019 réduits à quelques 270 000 en 2023.

L’abstention a modérément augmenté en 2023 et touche un bon demi-million d’électeurs de plus qu’en 2019.

Le bloc PP-Vox a enregistré une croissance de 2,7 millions de voix, tandis que l’ensemble formé par PSOE et UP en perd autour d’un million. Aux élections régionales, le premier remporte au moins 6 des 10 Communautés autonomes (régions) que gouvernait le PSOE.
À l’échelon local, le PP, seul ou allié à Vox, enlève au PSOE et ses alliés des villes aussi importantes que Valence, Séville, Palma de Majorque, Valladolid ou Grenade, en même temps que ses bastions se renforcent (à commencer par celui de Madrid où le PP atteint la majorité absolue des voix).

Ces chiffres suggèrent qu’il est fort possible que l’actuel gouvernement de coalition que l’on peut en fait qualifier de la « gauche néolibérale », ne puisse pas être réédité après les élections législatives, anticipées par M. Pedro Sánchez au 23 juillet prochain.

Une réédition sous la houlette du PSOE se ferait cette fois-ci avec le concours de la nouvelle devise « Sumar », plateforme formée autour de l’actuelle vice-présidente et Ministre du Travail Mme. Yolanda Díaz, intégrée par une quinzaine de formations (dont Izquierda Unida et Podemos) qui viennent de souscrire un accord (difficile et qui a laissé des blessures) strictement centré sur la distribution des postes réservés à chacune dans les listes électorales.

Certes, un retour du PP au gouvernement, avec éventuellement la participation ou le soutien nécessaire de Vox, ne marquerait pas une véritable rupture par rapport à un exécutif de coalition PSOE-Sumar en ce qui concerne quelques choix essentiels : soumission aux dogmes néolibéraux exigés par l’UE, alignement pro-impérialiste et belliciste.

Mais le risque d’accentuation de la dégradation des droits et libertés démocratiques sous un gouvernement de(s) droite(s) est réel. Celui-ci conduirait, en outre, à un durcissement de la législation sur les droits sociaux, du travail et économiques et à une accélération du processus actuel de privatisation de ce qui reste du secteur public.

Ceci dans un horizon d’incertitudes, aggravées par la « recommandation » de l’UE de reprendre dès l’année prochaine les réductions sévères du déficit budgétaire (en même temps qu’elle encourage la montée en flèche des dépenses militaires) : autant de conditions favorables à l’emprise de la démagogie ultra, xénophobe et raciste des droites extrêmes et à l’aggravation des tensions, ainsi que des conflits territoriaux (question des nationalités dites « périphériques »).

Justement, la seule exception à la débâcle électorale à gauche est celle de la gauche indépendantiste basque (EH Bildu) qui a significativement progressé. Or les indépendantismes basque et catalan constituent l’épouvantail préféré de l’ultranationalisme espagnol de la droite réactionnaire.

Les élections du 28 mai 2023 mettent en lumière l’échec de cette gauche réformiste qui a depuis longtemps renoncé à mettre en cause le système capitaliste.

Les « changements » qu’elle promet se traduisent par une action essentiellement limitée au domaine du « sociétal », négligeant les problèmes fondamentaux qui affectent la classe ouvrière et les secteurs populaires : l’exploitation, la précarité, la vie chère, les conditions d’habitation et de travail, l’état de détresse de services publics essentiels, la corruption…

En 2019, avant l’investiture du gouvernement de coalition, les dirigeants du PSOE et d’UP ont signé des engagements programmatiques qui ont été portés à la connaissance des citoyens, parmi lesquels l’abrogation de la loi de sécurité dite « loi bâillon » et celle de la réforme du travail adoptée par le précédent gouvernement PP.
La première est restée intacte dans son intégralité.
Quant à la seconde, la promesse d’abrogation s’est traduite en un certain nombre de modifications mineures sans toucher à des mesures profondément régressives imposées par le PP.

Ces manquements importants au programme (https://hojasdebate.es/opinion/que-fue-del-acuerdo-de-coalicion/) n’ont pas amené les dirigeants d’UP à quitter l’exécutif. De ce fait ils s’en sont rendus complices. De même, l’accentuation de la dérive belliciste et pro-impérialiste du PSOE à partir de février 2022 n’a pas provoqué de réaction contraire au sein d’UP.
Au contraire, certains de ses dirigeants et ministres, notamment Mme. Díaz, se sont positionnés en faveur de l’envoi d’armement au régime de Zelenski, comme cela a été récemment aussi le cas du porte-parole de la nouvelle plateforme électorale « Sumar » tout de suite après sa désignation.

Au lieu de constituer l’instrument d’un projet politique de classe et cohérent, axé sur la défense et la promotion des intérêts immédiats et stratégiques des travailleurs et des couches populaires – favorisant la lutte de classe (économique et politique), à l’intérieur et à l’extérieur des institutions publiques –, les dirigeants d’UP ont fait le choix de la « diversité » et la fragmentation en un éventail de particularismes identitaires souvent confrontés les uns aux autres et qui prennent le dessus sur les contradictions principales de notre société.

Ils n’ont rien fait pour remettre en cause la bureaucratie syndicale des CCOO et de l’UGT, financée par de généreuses subventions publiques et qui cause tant de dommages aux travailleurs avec sa politique de « paix sociale », au lieu de promouvoir un vrai syndicalisme de classe, sociopolitique, d’assemblée et démocratique, qui renforcerait l’exercice du droit légitime à la négociation collective, soutenue activement et autant que nécessaire par celui des droits constitutionnels de grève et de manifestation des travailleurs, et sans jamais perdre de vue la lutte pour le socialisme.

Le résultat a été la démobilisation ouvrière et populaire qui a créé un vide politique que la droite et l’extrême droite occupent lentement, profitant de la frustration et du désespoir qui piègent de nombreux salariés, des travailleurs indépendants et les couches populaires.

Les voix obtenues par le bloc de droite ont grossi non seulement de l’absorption de Ciudadanos, mais aussi d’une percée dans des milieux sociaux traditionnellement adverses où se répand un sentiment d’être délaissés par la « gauche » néolibérale.

Quel que soit le résultat électoral du 23 juillet, le défi restera celui d’avancer dans la mise en place d’une alternative politique de classe, républicaine, souverainiste, anti-impérialiste, de lutte pour le socialisme et pour la paix dans le monde.

Rédaction de Hojas de debate (https://hojasdebate.es/)

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?