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La France en grève

jeudi 25 janvier 2024 par Unité CGT

Grève dans le secteur du caoutchouc de synthèse à Arlanxéo ; grève contre la répression syndicale dans les abattoirs Bigard, grève des médecins étrangers, 6 mois de grève à Emmaus dans le Nord, rassemblement de la CGT Commerce et Services devant le Comité des Jeux Olympiques…

Grèves pour les salaires dans l’énergie, vers un hiver nucléaire ?

Industries chimiques : Arlanxéo en grève depuis le 4 janvier contre la régression sociale !

Les salariés du site d’Arlanxéo, filiale de la méga-entreprise saoudienne Aramco, à Lillebonne, en Seine Maritime, sont en grève depuis le 4 janvier. L’arrêt de la production est effectif, pas un gramme de caoutchouc de synthèse ne sort du site ! La pénurie de caoutchouc de synthèse qui se profile a déjà vraisemblablement commencé à impacter d’autres secteurs, notamment du caoutchouc, situés en aval de la production.

Les salariés du site de Port Jérôme, avec la CGT et l’intersyndicale, refusent la dénonciation des accords salaires, de la grille de salaire et autres conquis sociaux obtenus depuis de nombreuses années. la direction de l’entreprise. Comme le rappelle un tract de la CGT,

Un tract du syndicat CGT de l’entreprise et de la Fédération nationale des Industries chimiques CGT relève également que le patron « veut aller encore plus loin en supprimant pour 2024 la prime de vacances, renégocier à la baisse les indemnités de transport, la prime d’ancienneté et un changement de l’organisation du travail posté par exemple. »

Pour la CGT, ces décisions sont d’autant plus choquantes qu’elles s’inscrivent « dans un contexte économique des plus difficiles pour les travailleurs de l’entreprise, imposer une baisse des salaires avec une inflation galopante est inacceptable. […] Le syndicat CGT de l’entreprise refuse de négocier dans ces conditions qui imposeraient une perte de salaire net mensuel de plus de 15 %.

Les salariés poursuivent la grève – avec désormais la médiation de l’Inspection du travail, et exigent, avec la CGT, l’annulation de toutes les mesures que souhaite imposer la direction ; une augmentation nette du salaire de base de 250 euros ; la mise en place d’une prime pour l’année 2024.

6 mois après, la grève à Emmaüs, dans le Nord, continue pour la Justice !

« Après 6 mois de grève à la Halte Saint-Jean de Saint-André les Lille et alors que des plaintes pour traite des êtres humains et travail dissimulé ont été déposées, qu’en est-il de la Justice pour les travailleurs sans papier en lutte contre le système d’exploitation mis en place dans cette communauté d’Emmaus ? », s’interroge l’UD CGT 59 dans une interpellation aux autorités.

« Combien de temps encore devront-ils attendre pour que le préjudice subi durant des années dans cette communauté leur soit reconnu ? Vont-ils devoir faire grève 6 mois de plus pour que la Justice se prononce ? », poursuit encore le communiqué publié le 23 janvier par la CGT 59 qui rappelle le rôle d’Emmaüs, en particulier de la directrice Anne Saingier (présidente démissionnaire de la communauté de Nieppe, également en grève contre l’exploitation) et de son président l’homme d’affaires Pierre Duponchel qui appelait il y a quelques semaines l’Etat à briser le droit de grève à Emmaüs.

L’UD CGT du Nord, aux côtés des compagnons grévistes depuis le début de la grève, « demande que la justice soit rendue et que tous ces travailleurs et toutes ces travailleuses des communautés placées, des années durant, sous le joug du système Saingier-Duponchetel soient régularisés sans attendre. »

« On ne sera pas les esclaves des JO » : rassemblement à l’appel de la CGT devant le COJO

Plus de 200 syndicalistes CGT et salariés du Commerce et des services se sont rassemblés le 17 janvier dernier devant le siège du Comité des Jeux Olympiques (COJO) à Saint Denis.

Il faut dire que la Macronie « gère » la préparation des JO de la même manière qu’elle gouverne, avec un savant mélange d’incompétence et d’autoritarisme. La CGT fustige ainsi les futures conditions de travail des salariés d’entreprises « chargées de la captation, transmission et diffusion des épreuves […] tout comme celles assurant les “activités relatives à l’organisation des épreuves et au fonctionnement des sites liés à l’organisation et au déroulement des Jeux olympiques. »

En effet, une série de décrets inacceptables cadenassent désormais les droits et conditions de travail dans certains secteurs. Par exemple, le travail du dimanche est déjà prévu par plusieurs décrets dans des secteurs comme la sécurité ou la grande distribution. Un décret publié au Journal officiel le 23 novembre 2023 précise également que du 18 juillet au 24 août prochain, le « repos hebdomadaire peut être suspendu (…) dans les établissements connaissant un surcroît extraordinaire de travail » deux fois par mois à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Pour Amar Lagha, secrétaire général de la fédération CGT Commerce et Services. « On ne sera pas les esclaves des JO. Attention, on n’est pas contre les JO mais on aurait préféré que le COJO (comité des Jeux Olympiques) fasse une déclaration pour dire au gouvernement “je refuse d’utiliser l’argument des JO pour remettre en cause le droit des plus précaires de ce pays” ».

« Qui va payer le prix ? », demande le secrétaire général de la fédération CGT. « On parle des agents de sécurité, des gens qui travaillent dans la restauration, des gens qui travaillent dans les hôtels, dans la grande distribution… Ce sont celles et ceux qui ont payé un lourd tribut pendant la crise du Covid-19 […] Si le gouvernement et le patronat ne reviennent pas sur leurs propositions, nous allons mener des actions pendant les JO, il y aura des journées de grève. »

Grève contre la répression syndicale aux abattoirs Bigard

Un mouvement de grève contre la répression syndicale aux abattoirs Bigard a été organisé le mardi 23 janvier par la CGT de l’Agroalimentaire, avec l’Union locale et l’Union départementale du Tarn, à Castres.

Le syndicat CGT est vent debout face à la convocation – que le syndicat dénonce comme une stratégie d’intimidation contre la CGT -, de deux salariés pour une procédure disciplinaire.

Cité par la presse, Adam Alquier, délégué syndical CGT, a expliqué que « plusieurs convocations ont été adressées, notamment au secrétaire du syndicat et à un syndiqué qui avait mené, il y a quelque temps, un mouvement de débrayage d’une durée de deux semaines. Nous faisons face dans l’entreprise à un mouvement de répression sociale et syndicale qui touche l’ensemble des salariés. »

Grève victorieuse des médecins hospitaliers étrangers contre l’injustice

Une grève des médecins hospitaliers étrangers pour un « statut digne » a secoué l’Hôpital la semaine dernière. Près de 2000 médecins étrangers, praticiens diplômés hors Union européenne (Padhue), ont perdu leur contrat, et plusieurs centaines ont été licenciées, en ce début d’année 2024. Comme le rappelle une des syndicalistes à l’initiative du mouvement et citée par la presse, cette situation conduit des « médecins à devenir sans papier, recevoir des OQTF tandis que d’autres peuvent rester en France mais se retrouvent au chômage au RSA. »

Pourtant, comme le rappelle une pétition intersyndicale dans la santé, ces médecins « ont permis de maintenir l’offre de soins dans les zones dites de déserts médicaux qui représentent 87 % du territoire français. Leur absence est directement délétère aux patients ! »

Cette immense incertitude quant à l’avenir, doublée d’une précarité généralisée et du choc de la loi Immigration, pèse lourd chez ces médecins étrangers, sans lesquels le système hospitalier ne pourrait correctement fonctionner et qui, d’ailleurs, profite d’une situation scandaleuse puisque la situation est connue par les directeurs d’hôpitaux et le ministère de la Santé. Moins bien payés, à diplôme égal, que leurs collègues français, les médecins étrangers ne veulent plus être une variable d’ajustement corvéable à merci.

La CGT a également dénoncé la loi Valletoux qui aggrave la précarité pour les PADHUE et « exigé le maintien ou la réintégration dans leur poste de tous les praticiens à Diplôme Hors Union Européenne. »

En tout état de cause, cette grève et ce mouvement social a porté ses premiers fruits. Comme le relate la fédération CGT Santé et action sociale, « lors de la rencontre entre la ministre et les secrétaires généraux de la Confédération et de la Fédération de la santé et de l’action sociale, la nouvelle ministre du travail s’est engagée, entre autres, à régulariser la situation des médecins étrangers, en apportant quelques éléments nouveaux ».

« La CGT restera vigilante à ce que ces praticiens soient reconnus ainsi que leurs actions au service de la santé pour tous. », rappelle encore la fédération CGT de la Santé.


Grèves pour les salaires dans l’énergie, vers un hiver nucléaire ?

Après l’échec des négociations salariales à EDF et le refus de l’employeur de revaloriser les salaires à hauteur des besoins des agents électriciens et gaziers, un mouvement social de grande ampleur est en construction dans le secteur de l’énergie, en particulier du côté des centrales nucléaires.

Un préavis de grève national intersyndical court en effet depuis lundi 15 janvier. Le 18 janvier, l’intersyndicale a annoncé une « mobilisation sociale massive » le 30 janvier pour exiger des « mesures salariales à la hauteur du travail fourni et de maintenir le pouvoir d’achat de tous face à l’inflation ».

Entretemps, des salariés de certains sites, avec les syndicalistes CGT, ont déjà amorcé – à raison ! – le début de cette grève qui s’annonce massive, continue et puissante.

Comme le rappelle un tract de la CGT EDF Penly, des arrêts de réacteurs sont en cours ou déjà effectifs. C’est notamment le cas à la centrale nucléaire de Cruas depuis le 29 décembre, et à celle du Bugey depuis le 16 janvier, et depuis quelques jours de la centrale nucléaire du Tricastin.

Aux revendications de l’intersyndicale s’ajoutent d’ailleurs des exigences supplémentaires. Ainsi, la CGT Cruas « demande une augmentation collective des salaires de l’ensemble du personnel du CNPE de Cruas-Meysse de 100€ net par agent et par mois pour l’année 2024 ».

Par ailleurs d’autres réacteurs, mais aussi des barrages hydrauliques ou des centrales thermiques pourraient entrer en grève, à l’appel de la CGT, en amont ou à partir de la journée de grève nationale du 30 janvier. Selon un article du Parisien daté du 14 janvier, « 7 centrales, sur les 18 du parc, se disaient prêtes à rejoindre le mouvement. » Dix jours plus tard, le mouvement a confirmé son extension progressive, s’étend de centrale en centrale.

Ces grèves et luttes, porteuse d’espoir et qui pourraient servir de locomotive à d’autres secteurs, se situent dans un contexte d’inflation généralisée auquel il faut ajouter la décision portée par le ministre de l’économie d’augmenter le prix de l’électivité de +9,8% au 1er février 2024. Rappelons ici que la FNME-CGT, qui lutte pour l’augmentation des salaires dans l’énergie et la sortie de l’énergie hors des griffes du marché, « s’oppose à cette nouvelle augmentation qui creuse les inégalités. Elle s’additionnerait aux insoutenables +25 % en 2023 et au +4 % en 2022, alors que d’autres solutions sont possibles. Le juste prix de l’électricité c’est 0,1748 €/kWh TTC, abonnement inclus, POUR TOUS ! »

Pour la FNME-CGT, « la maîtrise publique de l’énergie doit être rétablie, les factures doivent être transparentes, et les usagers doivent payer le juste prix ! ».

   

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